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Thierry Escaich, titulaire des grandes orgues de Saint-Etienne du Mont, me semble, pour cet instrument, le meilleur de nos compositeurs contemporains. Il en exploite tous les registres. Il ouvre de nouvelles voies sonores, puissantes et surprenantes. Maître dans l'art de l'improvisation, il n'a pas son pareil pour déployer un thème jusqu'à sa perfection.
Dans les trois motets, l'organiste Denis Comtet a su produire cette densité musicale rarement atteinte. La majesté de l'orgue dialogue, accompagne et domine la polyphonie des voix. L'auditeur est submergé, ébloui, tel le voyageur découvrant le Mont-Blanc dans la splendeur du matin.
Nova :Actuel pensionnaire de la Villa Médicis, Régis Campo réunit dans sa création une sorte de supernova de la musique vocale. Les voix de toutes les amplitudes, de toutes les tessitures, se superposent, et se répondent. Quelques mots émergent de cet océan musical, sans pour autant donner du sens.
Le sens vient de l'accumulation des modulations polyphoniques et de la profondeur de l'oeuvre. Ainsi, les vagues ne révèlent que la surface de la mer. L'auditeur s'immerge graduellement dans cette profondeur vocale et instrumentale. Lorsque les derniers flots sonores viennent mourir sur le rivage, le silence éphémère du public est musique, pleine et entière.